Pablo Garcia

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Voir malgré tout



2011-2012
impression numérique contrecollé sur dibond, encadré
90x65 cm





« Même un paysage tranquille, même une prairie avec des vols de corbeaux, des moissons et des feux d’herbe, même une route où passent des voitures, des paysans, des couples, même un village pour vacances, avec une foire et un clocher peuvent conduire tout simplement à un camp de concentration.

Le Struthof, Orianenbourg, Auschwitz, Neuengamme, Belsen, Ravensbruck, Dachau... furent des noms comme les autres sur des cartes et des guides. »

Jean Cayrol, incipit de NUIT ET BROUILLARD, 1955


Fort de cette citation de Jean Cayrol, je suis ainsi parti faire un tour de l’Europe à la rencontre de ces camps, des lieux devenus des mémoires, tenter de vérifier cette banalité.

J’avais déjà éprouvé une première expérience de certains camps en 2005 et 2006 lors de mes premiers voyages en Allemagne et Pologne.

Touché par des séries de petits détails de la vie quotidienne et hanté par la présence de l’absence autour et dans ces sites, je voulais les revoir autrement, et plus particulièrement au travers des vues de paysages d’une effroyable tranquillité.


Pour tenter de ne pas me laisser emporter par la puissance des lieux je me astreint à un protocole de travail en commençant par la dimension temporelle. Je souhaitais avoir une une unité dans la flore, la lumière, dans l’état d’esprit des prises de vues. Je voulais aussi cette lumière blanche si typique de l’Est européen en automne. Toute la série a été réalisée en un mois seulement parcourant la France, l’Allemagne, la Pologne et l’Autriche.


J’ai abordé ces paysages de la manière la plus objective possible, presque clinique, en éliminant toute présence humaine et en m’attachant au maximum à l’architecture ou la nature.

La plus grande difficulté pour moi a été de ne pas tomber dans certains types de clichés et de proposer des images différentes à comparer de la profusion de celles produites depuis plus de 60 ans sur le sujet.


Cette série tente de traduire les questions que je peux moi même avoir sur ces lieux : que faire de ces ruines et de ces lieux ? Doivent-ils se « ruiner » d’eux-mêmes ou être en partie reconstruit à des fins pédagogiques ? Quel témoignage nous reste-t-il de part ces endroits quand les témoins directs disparaissent ? Que venons-nous chercher sur place ?