Pablo Garcia

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Sans la nommer



2021
résine acrylique collée sur murs peints et miroir
dimensions variables



Vue de l’exposition Buffet des anciens élèves / Ainsi squattent ils, La Chartreuse, Villeneuve-lès-Avignon (30) 

Ce poème en quatre strophes, écrit par Marguerite Foil pour l’exposition, se déploie à la Chartreuse et au musée Pierre-de-Luxembourg. Trois strophes sont écrites, ici, sur les murs de trois cellules et la dernière au musée.

Le texte est écrit à l’aide d’un abécédaire prélevé dans les graffitis du fort Saint-André, surplombant la ville. Les lettres sont en « relief » par rapport à leurs situations d’origine en « creux », gravées dans la pierre.

Ces procédés de moulages induisent un texte présenté en miroir. Non lisible d’emblée, il faut le décrypter, l’expérimenter pour accéder au sens. Cet écart avec le réel et sa lecture immédiate sont aussi une référence à l’architecture de la Chartreuse ; tous ces points de vue créés par les percées dans les murs de la bugade, des passe-plats ou la structure des cloîtres.

Ce poème est un rappel des voix adolescentes qui ont résonné à la bugade de la Chartreuse, dans ce patrimoine habité pour ce qu’il était : des bâtiments à investir, à vivre.

Comme dans une continuité permanente les cimaises sont repeintes avec des peintures des expositions précédentes. Venir s’intercaler comme une étape supplémentaire dans l’occupation de ces lieux.



Vue de l’exposition Buffet des anciens élèves / Ainsi squattent ils, La Chartreuse, Villeneuve-lès-Avignon (30)


Abandonnés.
Aux paniques, se mêlent leurs respirations,
ils errent sans voix, brouillent l’air froid.
Dans la torpeur des solitudes, le désir s’est barré par la fenêtre.
Les yeux noirs, plantés près du couteau, scrutent.

Le parfum des fleurs d’oranges laisse glisser le froid des murs.  
Méprisé ? Médusé ? Qu’as-tu ? Juste un baiser ?
Baisse le ton ! Les corps déchaînés, ne veulent plus de sommeil.
Saute par terre, les rôdeurs ont remporté la bastide, l’enfance est aux abords.

Plus loin, dans les forêts cachées, sur les feuillages aplatis,
ils ont dormi un temps, dans l’abondance des contrées sauvages.
En tumulte, manger la peau, mordre : le miel cuit, le sucre au bord de la langue.
Que cherches-tu en l’embrassant ?

De feux, de mots, le temps souple frôle les amoureux vaillants.
Vivre plus loin. Les nuits étranges s’entassent devant les portes.
Ils jonglent sans comprendre, s’étonnent des rêves nouveaux.
Les fruits plus doux viennent un jour, n’est-ce pas ?


Installation dans le cadre de l’exposition Buffet des anciens élèves / Ainsi squattent ils, Fort Saint André, Villeneuve-lès-Avignon (30)


Vue de l’exposition Buffet des anciens élèves / Ainsi squattent ils, La Chartreuse, Villeneuve-lès-Avignon (30)



Vue de l’exposition Buffet des anciens élèves / Sous le signe du V, Musée Pierre-de-Luxembourg, Villeneuve-lès-Avignon (30)